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 In the Mood for Trombone !  : Biographie glissando forte

Les qualificatifs manquent pour embrasser à pleine bouche la carrière fertile de Glenn Ferris. Artiste caméléon, figure incontournable de la scène Jazz contemporaine, collaborateur d’un nombre invraisemblable de monuments se bousculant au Panthéon des légendes musicales du siècle, performer assidu de ses propres groupes… Mais surtout, il s’impose comme le thuriféraire d’une « Trombone Attitude » éclectique et gouailleuse.

Et pourtant, au début des années 60, le pari n’était pas gagné d’avance. Alors que les scènes Jazz américaines font exploser leurs cuivres aux quatre coins du pays, un gosse d’Hollywood, né en 1950, rêve en cachette de greffer les glissements du Trombone aux feulements et caresses de l’équation magique Trompette + Saxo. A priori, l'instrument est peu propice aux expérimentations aériennes ou autres impros déchaînées ; ce serait même, pour les plus obtus, un engin contondant ne laissant aucune place à une quelconque grâce.

Lors d’un concert du Los Angeles Philharmonic (dont son oncle hautboïste était le manager), Glenn Ferris est tombé illico en adoration devant son futur instrument deprédilection. Il a huit ans, sa voie vient de se tracer avec évidence. Il démarre l’apprentissage du Trombone et étudie également la musique classique. 1964 sera l’année du déclic décisif, à l’écoute du dernier disque du saxophoniste Eric Dolphy (« Last Date » - 1964). Il passe dès lors à la vitesse supérieure et se dirige vers la théorie du Jazz, ses impros et ses compos ; son prof, l’immense et regretté trompettiste Don Ellis (disparu en décembre 1978, à l’âge de 44 ans, et surtout connu, aujourd’hui, pour son exemplaire bande originale du film « French Connection » - 1971), lui fera sauter le pas en le propulsant Tromboniste Soliste du Don Ellis Big Band dès 1966.

Au sein de la formation, Glenn Ferris apprend scrupuleusement toutes ses leçons, mais garde les yeux grands ouverts sur l’extérieur. Il n’a que seize ans et développe déjà une boulimie musicale hors norme. Mais cet enthousiasme à tout crin ne l’empêchera pas d’enregister quatre disques avec Don Ellis : « Autumn » - 1968 ; « The New Don Ellis Band goes Underground » - 1969 ; « Live at Fillmore » - 1970 et « Connection » - 1972.

Parallèlement, il prend l’habitude d’aller seul au cinéma et se construit le fantasme d’une Europe de tous les possibles musicaux (le premier contact se fera lors de tournées internationales avec Don Ellis, avec le choc esthétique en 1968 du Festival de Juan-Les-Pins), avec pour obsession majeure cette envie mordante de devenir un Jazzman européen, en marquant sa préférence pour le territoire français. Un idéal romantique à la Truffaut, qui ne l’empêche cependant pas de se pencher sur d’autres sons, le Rock en particulier. Avisé de son engouement en la matière, George Duke, le pianiste du Don Ellis Big Band, lui présente alors, au début de l’année 1972, le gigantesque Frank Zappa. Coup de coeur, falling in love, le grand Frank lui fait incorporer son tout récent Grand Wazoo Big Band « Jazz-Rock ».

Durant toute cette année, il scrute le maître Zappa en plein ouvrage. Il s’imprègne de sa rigueur méthodique, de son adaptation à chaque instrument, observe son omniscience jusque dans le moindre solo. Ferris enchaîne concerts après concerts, d’abord avec le Grand Wazoo puis avec l’aventure scénique du Tour 72 des Mothers of Invention (aussi dénommé Petit Wazoo) du même Zappa.

Près de 34 années plus tard, un disque intitulé « Imaginery Diseases » devrait arriver dans nos bacs dans le courant de l’année 2006. Une compilation des meilleurs moments de cette tournée mémorable de 1972, mixée, produite et éditée par Zappa juste avant qu’il ne se fasse happer par l’ironie mesquine de la GrandeFaucheuse en décembre 1993, à l’âge de 53 ans.

Cette agréable parenthèse refermée, reprenons le court. Dès 1973, Glenn multiplie les collaborations studio, live et les tournées internationales à un rythme plus que soutenu (  Harry James, Tim Buckley, Lou Rawls, Bobby Bradford, Mike Price et Blue Guitar, James Taylor, Milcho Leviev, Art Pepper….) Citons quelques-unes de ses participations discographiques : George Duke (« Save the Country » - 1969), Billy Cobham (« Total Eclipse » et « Shabazz » - 1974), Stevie Wonder (« Songs in the Key of Life » - 1976), Philly Joe Jones (« Philly of Soul / Filet de Sole » - 1982), Jack Walrath (« Live in Europe » - 1982), Tony Scott (« African Bird » - 1983), Barry Altschul (« That’s Nice » - 1985).

Et au-delà de ce tableau de chasse déjà imposant, Glenn Ferris fonde avec Jack Walrath le groupe Revival en 1969, et forme son propre orchestre de 20 musiciens, le Celebration Orchestra en 1970. Une belle revanche sur les nombreux suspicieux qui n’accordaient que peu de crédits aux velléités scéniques du Trombone…

À mille lieux des clichés d’un instrument laborieux, dont le public ne retiendrait que la difficulté manifeste du maniement, Ferris fait vibrer et voyager. Il fait entendre sa propre voix, fait chanter son Trombone de ses compositions influencées free et ellingtonien ; dans ses envolées les plus planantes, il n’aime rien tant que faire entendre son souffle, entrelacé sensuellement à ses mélodies.

En 1980, ses talents affirmés, reconnus, éclatants au zénith de la scène internationale, lui permettent enfin d’accomplir son rêve : rejoindre cette Europe dont il se dope aux visions iconiques de cartes postales, parcourant ce musée aux innombrables ressources architecturales, picturales et sonores. Il s’installe définitivement en France en 1982, à Paris, dispense son savoir dans diverses universités et entame sa vie de bohême comme il la rêvait depuis des années, seul devant un vieux film français en noir et blanc. Il tourne alors dans le monde entier, devient le Tromboniste incontournable de toute la planète Jazz et de ses ramifications.

Mais n’oublions pas la liste, à la fois impressionnante et fragmentaire, de ses collaborations au sein de groupes et sur disques, avec entre autres : Michel Petrucciani ,Martial Solal, Sal Nistico, Joachim Kuhn, L’Orchestre National de Jazz (« Orange then Blue » - 1988, et « African Dream » - 1989), Steve Lacy (« Anthem » - 1989, «Itinerary » - 1991 et «Clangs » - 1992), Franco d’Andrea (« Flavours » - 1992), Archie Shepp, Chris McGregor and the Brotherhood of Breath, Dave Frishberg (« Where You At ? » - 1991), Enrico Rava, Louis Sclavis, Michel Portal, Henri Texier dans ses Azur quartet et quintet (« An indian’s Week » - 1993, « Mosaic Man » - 1998 et « String’s Spirit » 2002), François Theberge, Riccardo Del Fra, Collectif Palatino Quartet (« Palatino » - 1996, « Tempo » - 1998 et « Chap.3 » - 2001) , en Guest de Peter Schärli (« Guilty » - 2001 et « Hot Peace » - 2006), le Collectif Bex / Ferris / Goubert ou B. F. G. Trio (« Here & Now » - 2001), en Guest de Belmondo & Yusef Lateef (« Influence » - 2005)… Que les absents nous pardonnent !

Mais pour ce qui est de ses propres créations sonores, en se penchant sur ces dernières années, piochons dans une Cdthéque idéale :  les superbes Opus du Glenn Ferris Trio avec Vincent Segal au violoncelle et Bruno Rousselet à la contrebasse (« Flesh & Stone » - 1995, « Face Lift » - 1996 et « Refugees » - 1997) ; les tergiversations admirables du Glenn Ferris « Chrominance » Trio, featuring Jeff Boudreaux (drums) et le fidèle B. Rousselet (« Chrominance » - 2001) ; ou enfin, flirtons avec la plus bouillante des actualités : son Pentessence Quintet (Jean-Michel Cabrol : saxophone ténor, Philippe Milanta : piano/orgue, Bruno Rousselet : contrebasse, Jeff Boudreaux : batterie), déjà fort du remarquable « Skin Me ! » - 2004, disque de chevet par excellence, retournant à l’essence des émotions jazz brutes et raffinées, louvoyant avec un savant éclectisme dans les registres phares du  musicien.

Glenn Ferris vient de rajouter une pierre de taille à l’édifice imposant de sa discographie : parfait  successeur du précédent Album : « X Actimo ! » - 2006, dont Ferris aime à ajouter cette note d’intention malicieuse,

             « this record is called « X Actimo ! », because it is exactement what I wanted to hear ».

auteur : François Cau            

                     

En Bref

GLENN  FERRIS

1950 : Naissance à Hollywood le 27 juin

1958 : Glenn assiste à un concert du Los Angeles Philharmonic , décide derechef de se mettre au Trombone

1966 : Devient le Tromboniste Soliste du Don Ellis Big Band

1968 : Glenn va enregistré son premier album avec le Don Ellis Big Band: < Autumn > ( Columbia )

1972 : Expérience live mémorable : il est embarqué par Frank Zappa dans les tournées du Grand Wazoo et celles des Mothers of Invention

1973 : Devient le Tromboniste Soliste du Harry James Big Band

1974 : Devient le Tromboniste Soliste du Billy Cobham Band

1980 : Premier album de Glenn sous son nom en France < Alive in paris > , avec le Collectif Planète Carrée (RCA)

1982 : S’installe définitivement en France, où il donnera des cours à Nîmes, Salon de Provence ainsi qu’à Nancy, tout en poursuivant sa prolifique carrière de « Trombone Hero »

1995 : Premier album du « Glenn Ferris Trio », combo à l’instrumentation des plus innovantes au tour de la trinité trombone / violoncelle / contrebasse < Flesh & Stone > chez Enja) Ensuite, deux autres albums du "Trio" : <  Face Lift >  1996 ( Enja ) et  < Refugees1997 (Enja)

2001 : Sortie d'album du "Glenn Ferris Chrominance Trio" (trombone/ contrebasse/ batterie)<Chrominance > (Enja)

2002 : Reçoit le Titre de Chevalier des Arts et Lettres ; et décroche avec le Glenn Ferris Trio le Grand Prix du Festival International « Strade del Cinema » de musique de films d’Aoste

2004 : Sortie du premier Album : < Skin Me ! > (Naïve) de son nouveau Groupe : « Pentessence Quintet », Prix du Meilleur Disque de l’Année par l’Académie du Jazz 2004

2006 : Sortie du second Opus : < X Actimo ! > (Naïve)

2009 : en Novembre 2009, le sortie du CD du  Glenn Ferris 'Wheel '  (trombone/ contrebasse/ chanteur <FerrisWheel > ( Enja )

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